• Couple du mois - Année 2016

    Cette rubrique présente chaque mois un couple remarquable par son aspect ou ses caractéristiques orbitales. La plupart sont des couples observables avec un télescope d'amateur et une bonne habitude de son pointage. L'histoire de la découverte et de la progression de sa compréhension est aussi exposé, avec les éléments que j'ai pu rassembler à partir des ouvrages suivants :

    • Burnham's Celestial Handbook de R. Burnham
    • Observing & mesuring visual double stars de B. Argyle
    • Catalogue des étoiles doubles et multiples de C. Flammarion
    • La revue des constellations de Sagot et Texereau

    Les illustrations ont diverses origines : outil graphique de tracé d'orbite, dessins de mon ami Michel (son site)  ou photos que j'ai pu réaliser avec un APN au foyer d'un C11.  Il y a également quelques liens vers des sites consacrés au moins partiellement aux étoiles doubles.

    J'espère que ces rubriques mensuelles vous donneront envie de vous intéresser aux étoiles doubles !

     

  • 38 Lynx réside à l'extrémité sud-est de la discrète constellation du Lynx. Cette belle double fait partie des découvertes nombreuses du célèbre pionnier des couples célestes F. G. W. Struve. Il l'a observée et mesurée à son observatoire de Pulkova, près de St Pétersbourg, et en a fait la 1334ème entrée de son catalogue en 1780.

    Elle a fait l'objet de 192 mesures depuis sa découverte, et sa position actuelle s'écarte de celle d'origine d'une vingtaine de degrés en angle et de 0,2" d'arc en séparation. Autrement dit elle se déplace très très lentement. Son caractère physique est très probable, mais n'a pas été encore formellement démontré : le mouvement propre de la principale est très important et la probabilité que la secondaire présente ce même mouvement propre est faible sauf à être liée à l'étoile principale. Une mesure directe du mouvement propre de la secondaire n'a pas pu être faite : elle est proche et noyée dans la forte luminosité de la principale ! Aucun calcul d'orbite n'a été effectué à ce jour, la portion de l'orbite parcourue étant encore trop faible.

    Malgré ces incertitudes, STF1334 reste un couple magnifique à observer avec un instrument moyen. La séparation actuelle est de l'ordre de 2,5" d'arc, mais le déséquilibre des composantes ne facilite pas la tâche (MagA 3.92 & MagB 6.09). Un magnifique dessin du couple se situe à cette adresse. La principale est blanche éclatante et la secondaire présente une belle coloration jaune pâle.


  • Les mois d'hiver sont l'occasion de profiter de la présence de la constellation d'Orion une grande partie de la nuit. Il y a au bout de la jambe gauche du fameux chasseur géant, une étoile double parmi mes préférées : Rigel. Il ne faut pas y chercher de subtiles nuances colorées, mais plutôt le challenge de découvrir tout à côté de l'étoile principale éclatante, blanc bleutée, la petite secondaire presque insignifiante à coté de sa brillante voisine. L'observation n'est pas aisée mais reste bien plus accessible que de percevoir les compagnons de Sirius ou de Procyon. Un peu d'habitude et une instrument d'au moins 100mm sont néanmoins nécessaires. Mais peut être avez vous pu l'observer avec un instrument de plus petit diamètre ?

    L'étoile principale est une supergéante bleue (spectre B8) de magnitude 0.12, 40000 fois plus lumineuse que notre soleil pour un diamètre 70 fois plus important : un vrai monstre, la sixième étoile la plus brillante du ciel ! Quant au compagnon de magnitude 6.8, il est situé à 9.5" d'arc de sa grande voisine.

    F.G.W. Struve mesura le couple pour la première fois en 1831. Depuis les données ont peu évolué, l'angle est quasiment stable et la séparation augmente très lentement. Hipparcos place le couple aux environs de 860AL ce qui représente une distance de 2600UA entre l'étoile principale et le compagnon : cette distance importante explique la lenteur du mouvement orbital, avec une période sans doute de plusieurs millénaires.

    Le modeste compagnon mérite qu'on s'y intéresse. On devrait d'ailleurs plutôt dire les compagnons car il s'agit d'une binaire spectroscopique, baptisée BU555BC. Cette désignation fait référence à S. W. Burnham qui a observé une élongation et donc suspecté optiquement sa duplicité en 1871 et en 1878. D'autres observateurs prestigieux firent la même observation par la suite (Barnard, Hussey, Van den Bos) sans ne pourvoir distinguer optiquement plus qu'une simple élongation. La séparation est de l'ordre de 0,1" d'arc. Ces deux étoiles seraient éloignées de la distance Terre-Pluton pour une période de rotation de 9.86 jours.

    Février 2016  STF668   WDS 05145-0812   Rigel Bêta OrionisL'image ci contre, réalisée au C11 et APN Canon 1000D, montre le faible compagnon tout à coté de l'éclatante voisine. Le cliché n'est pas simple à obtenir : le temps de pose doit être soigneusement ajusté pour que le compagnon soit visible sans être noyé dans le halo de l'étoile principale.

     

     


  • Pour bien démarrer l'année, je vous propose un système passionnant tant pour son bel aspect que pour sa nature. L'étoile Omicron 2 (40 Eri) du long fleuve Eridan est une magnifique étoile triple. Plutôt qu'un long discours pour la décrire, je vous propose de vous en faire une idée en allant visiter ce magnifique dessin.

    Notre trio commence par une belle étoile brillante de magnitude 4.5, de spectre G9, autrement dit une étoile d'une belle tonalité jaune.

    On discerne rapidement un compagnon de magnitude 10, distant de 80" d'arc, et arborant quant à lui une teinte blanche. Il s'agit d'une naine blanche parmi les plus célèbres, également une des premières qui fut découverte.  Imaginez une étoile d'une taille à peine supérieure à notre Terre (rayon de B = 1,5 rayon terrestre), mais de masse moitié de celle du soleil : autrement dit cet astre est extraordinairement dense !

    Une observation attentive va ensuite révéler un troisième compagnon C, séparé de B de 8" d'arc, de magnitude 11.4, et d'un orange profond. C est une naine rouge, orbitant autour de B en 252 ans.

    Vous trouverez ci-après les caractéristiques de ces trois étoiles (extrait du "Burnham's  Celestial Handbook") :

    Janvier 2016  STF 518   WDS04153-0739  Omicron2 Eridani

     

     

     

     

    On note la densité phénoménale de l'étoile B (rapportée à la densité du soleil), ainsi que la faible magnitude absolue des deux naines. J'ai noté plus haut des données de magnitude plus récentes que celles affichées par Burnham.

    Ce trio constitue une magnifique spectacle coloré, le compagnon C, le plus faible, résistant néanmoins un peu à l'observation, et ce même dans un instrument moyen.

    La paire AC a fait l'objet d'un calcul d'éléments orbitaux en 1974, avec un grade de 4 c'est à dire "Préliminaire". Au vu des mesures accumulées depuis 1974, une correction des éléments est sans doute possible à ce jour : avis aux calculateurs d'orbites ! C'est en tout cas un couple dont le suivi est très utile. AB est également orbitale mais de période très longue, sans doute plusieurs millénaires.

    La paire AB a été découverte par Herschel en 1783. Quant à BC, c'est Otto Struve qui la repéra pour la première fois en 1851.

    L'ensemble est doté d'un mouvement propre important de 0,4" d'arc/an. La distance du système est de seulement 16AL. On dénombre seulement une soixante d'étoiles plus proches de nous que 40 Eri.

    Une photo complétera prochainement cet article !





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